Nous lancions en mars la toute première édition du concours Des hommes qui changent. Notre objectif : souligner, célébrer et faire rayonner des initiatives d’hommes contribuant à l’adoption et à la promotion des masculinités positives au Québec.
Après les mises en candidatures qui se sont tenues jusqu'en mai, les résultats ont été dévoilés le 4 juin.
Merci à tous les candidats et félicitations aux lauréats !
Donner une voix aux hommes victimes d’abus sexuels
Jean-Marc Bouchard est le fondateur et président de l’organisme Emphase, qui vient en aide aux hommes et adolescents victimes d’abus sexuels. Ayant lui-même subi de tels abus, lorsque ces souvenirs ont refait surface 20 ans plus tard, il a bénéficié du soutien de l’organisme Criphase, à Montréal, où il vivait alors. Lorsqu’il est retourné vivre en Mauricie, sa région natale, il a décidé de créer un organisme similaire : Emphase.
Depuis, l'équipe d'Emphase travaille sans relâche afin de fournir ses services à travers l’immense territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec. En 2023 l'équipe est passée de 5 à 8 employés, l’organisme ayant maintenant, en plus de son siège de Trois-Rivières, quatre autres points de services afin de rejoindre la clientèle : La Tuque, Shawinigan, Victoriaville et Drummondville. L’organisme a en outre adapté ses services pour les adolescents, les Autochtones et les proches des victimes.
Jean-Marc Bouchard est également impliqué depuis plus de 20 ans dans un autre organisme, plus généraliste : MKP Québec, dont la mission est de soutenir les hommes vers une masculinité saine.
Son long engagement lui a valu une place au sein du Comité d'experts sur l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles, mis en place par le Gouvernement du Québec en 2019.
Ses recommandations ont ensuite donné lieu à la création, en 2021, du premier Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale.
Par son engagement, Jean-Marc Bouchard a ainsi pu donner une voix aux hommes de la Mauricie, alors que les agressions sexuelles à leur égard demeurent taboues malgré la visibilité croissante de cette réalité.
Utiliser l’art photographique pour questionner les stéréotypes physiques
Comme enseignant et artiste, Thierry Prieur s’interroge sur l’impact que la normalisation d’une certaine masculinité peut avoir sur les hommes - notamment les jeunes dont l'identité est en construction - dont le corps ne correspond pas à ces stéréotypes. Au-delà d’images de mâles musclés, d’hommes avec des idéaux de puissance, les masculinités peuvent-elle se permettre d'être vulnérables, fragiles ou singulières? Peuvent-elles exprimer et afficher leurs désirs, vibrations, hésitations, inspirations, poésies, souffrances, légèretés ou lumières?
Ses oeuvres confrontent ainsi l’idée qu’un corps correspondant à une normalisation de ses caractéristiques physiques puisse constituer un objet de séduction ou un pré-requis pour appartenir à un groupe.
Pour ce faire, l’artiste fait poser des hommes aux corps répondant aux principaux stéréotypes de la masculinité, notamment dans la communauté gaie. Il imprime ensuite sur ces corps des textures, se permettant de les lacérer, de leur ajouter des vibrations, du clignotement pour montrer ce que leur normalisation cherche à cacher : le droit d’être vulnérable et d’être sensible.
«Depuis que je me suis affirmé comme membre de la communauté LGBTQ+, il y a plus de 30 ans, je suis étonné de constater à quel point un certain culte du corps perdure. L'affirmation de la masculinité semble figée dans des stéréotypes qui se réduisent à des images de corps qui s'exhibent mais qui, de par leur normalisation, ne se montrent pas. C’est en conjuguant ma passion pour la photographie et pour les arts en général que j’ai commencé à développer mon approche créative autour du corps masculin.»
Le travail de Thierry Prieur est régulièrement exposé, notamment à Montréal à la galerie DBC et plus récemment au bar Le Protocole dans le cadre du festival d'arts érotiques.
Redonner aux suivants pour promouvoir la parole et l’écoute masculine
Après avoir participé pendant 9 ans à un groupe d'écoute et de parole d'hommes offert par l'organisme Hommes Québec, Éric Trudel a décidé de redonner à son tour. En 2023, il a accepté le rôle bénévole de coordonnateur régional de l’organisme pour la Capitale-Nationale. Son rôle est d’assurer la supervision et la bonne gestion des activités dans la région.
Les groupes d’écoute et de parole d’Hommes Québec (HQ) permettent aux hommes d’avoir un espace privilégié pour partager, en toute confidentialité, leurs vécus. En plus des 6 groupes réguliers qui sont offerts dans la région, l’équipe de bénévoles de la Capitale-Nationale permet la tenue, toutes les deux semaines, d’un groupe d’accueil ouvert aux nouveaux venus. Un groupe régulier toutes les semaines, est également offert en mode virtuel. Ces groupes d’écoute et de parole permettent aux hommes d’avoir rapidement un espace pour s’exprimer et être écoutés.
«Plus jeune, j’avais de la difficulté à me reconnaître dans le stéréotype d’homme que la société nous présentait. Je me suis beaucoup cherché et j'espérais un jour trouver un espace qui me permette d’exprimer ce que je suis vraiment. Cet espace, je l’ai trouvé dans les groupes d’écoute et de parole HQ créés par l’auteur et psychanalyste Guy Corneau. Alors c’est sûr que quand on m’a approché pour redonner au suivant en occupant le rôle de coordonnateur, je ne pouvais refuser cette occasion de redonner.»
De plus, Éric Trudel a également accepté le rôle d’administrateur au sein du CA de la Maison Oxygène de Québec. Celle-ci offre aux pères et à leurs enfants qui vivent une difficulté personnelle, conjugale ou familiale de l’hébergement, de l’accompagnement ainsi qu’un soutien communautaire.
«Malgré un travail à temps plein et d’autres obligations personnelles, j’ai accepté d’offrir le reste de mon temps à ces deux causes qui me tiennent à coeur. Reconnaissant d’avoir reçu quand j’en ai eu besoin, je trouve important de m’engager aujourd’hui afin de redonner aux autres hommes qui traversent parfois des périodes difficiles. Je sais que ça peut arriver à n’importe qui de rencontrer des difficultés. Avoir un espace pour partager ce que l’on vit et où on est accueilli comme nous sommes, c'est primordial.»
Enseignant au Collège John Abbott
Co-auteur de la bande dessinée Géants aux pieds d’argile
Stratège en Équité, diversité et inclusion
Chargée de projet, Centre d'excellence sur le partenariat avec les patients et le public
Administratrice, Des hommes qui changent
Fondateur & directeur général, Des hommes qui changent
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